เสร็จ – set le:w – c’est fini

Voilà, c’est fini, l’expérience « Yuthinay ».

Ou plutôt : il faut bien décider d’en finir.

On espère toutefois que ça continuera un peu à mûrir dans les têtes des uns et des autres. Ça pourrait continuer avec la lecture des auteurs qui auront servi de déclencheurs…

Pour laisser une trace concrète, voici ce qu’on voudrait être la cerise sur le gâteau : l’ensemble du blog, dans l’ordre chronologique, sous forme de « ebook » au format pdf, qu’on peut éventuellement imprimer (il y aura sans doute un exemplaire au CDI…). Le site qui permet d’obtenir cette version impose un format de type « ebook », avec couverture et nom d’auteur calqué sur le nom utilisé sous WordPress… Tout n’est pas parfait, il y a des coquilles, mais l’ensemble, en 166 pages (eh oui !) donne la mesure de ce qu’on a constitué sans vraiment s’en rendre compte :

Yuthinay : la version ebook

Cet accès plus classique à l’ensemble du travail de l’année, sous une forme qui intègre table des matières et pagination, donne une autre vision de la trace qu’on a laissée, et le blog, en attendant, reste en ligne, ouvert aux commentaires, mais on sait bien que les premiers lecteurs sont ceux qui l’ont écrit.

Si toutefois, un peu plus tard, à l’âge où une année suppose tant de changements, un élève tombe presque par hasard sur un texte qu’il avait écrit quelques années auparavant, s’étonne de ce qu’il avait écrit alors, et trouve encore la place de le dire dans les commentaires, ça suffira comme justification a posteriori du travail entrepris.

Merci à tous les commentateurs et contributeurs, et à l’an prochain si on redémarre un autre atelier…

En guise de conclusion, un extrait d’Espèces d’espaces, de Georges Perec :

J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources :

Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts…

De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête.

Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettres de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière : “Ici, on consulte le Bottin” et “Casse-croûte à toute heure”.

L’espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l’emporte et ne m’en laisse que des lambeaux informes :

Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes.

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Zozo le poète, seul dans la ville

Tu es au Seven Eleven et tu es sous la clim’, et ne sachant pas pourquoi, tu fixes sans bouger un paquet de bonbons. Tu ne sais lequel acheter, alors tu en prends un au hasard et te diriges vers le rayon des boissons. Tu sens le froid quand tu ouvres le frigo et prends un Oishi jaune en regardant son prix, même si tu le connais déjà. Tu vas vers la caissière pour payer, tu penses que tu as oublié quelque chose en sortant ton porte-monnaie. En sortant du Seven Eleven, tu as de la buée plein les lunettes.

Tu es au parc à côté de Chatuchak. Tu te soulages par les chants des oiseaux et l’absence des klaxons ou des moteurs des voitures. Tu es à côté du lac avec la fontaine, tu regardes les gens en train de piqueniquer et de nourrir les pigeons atterrissant près d’eux.
Tu es dans la voiture, en train d’aller à l’école, et tu t’énerves contre la personne changeant les feux d’une façon complètement irrégulière. Le feu rouge dure souvent cinq minutes et le feu vert, quinze secondes. En attendant, tu essaies de voir la tête des voisins, à travers la fenêtre sombre qui les cache.

Tu vas aux toilettes de Central, et même si tu sais pourquoi ça sent si mauvais, tu es dégoûté par l’odeur infecte qui rôde dans les WC. Tu entres dans une des cabines, vérifies s’il n’y a pas des îles flottantes, et tu prends des papiers toilettes pour nettoyer la cuvette.

Tu es sur un pont, tu ne peux pas t’empêcher de voir ce qu’il y a en-dessous, ou voir si c’est haut. Tu t’imagines en train de sauter du haut pour plonger dans l’eau. Tu te rappelles d’un film ou d’une vidéo montrant quelqu’un faire du bungie-jump, soudain, retour sur Terre. Tu es toujours sur le pont, les mains sur les barres, fixant l’eau et les bateaux.

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Zola Ola, seule dans la ville

Tu attends une boisson au BCB, tu sens l’odeur peu agréable de ta transpiration. Heureusement tu es sous un ventilateur. Tu découvres soudain qu’il manque une pale à celui d’à côté qui ne tourne pas.

Tu es quelque part sur Sathorn road, l’air sent la pollution ; tu as chaud, tu aurais dû prendre le taxi pour changer un peu la routine ; tu as un air de piano dans la tête car tu reviens de ton cours ; tu attends le moment de traverser une rue perpendiculaire, quand tu remarques que le phare arrière droit d’un tuk-tuk ne fonctionne pas.

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Ziva la ziv, seule dans la ville

Tu marches, tu rentres dans le bus, tu sens l’horrible odeur du parfum de la dame du bus, accompagnée du chauffeur se plaignant de ton retard, et la fraîcheur saisissante de la climatisation.

Tu attends tes parents devant un café, tu écoutes la conversation des autres personnes accompagnée de la musique mise à fond qui te perce les tympans.

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Zaza la gazelle, seule dans la ville

Tu es assise en boule sur une place arrière de la voiture. Tu regardes par la fenêtre et regardes l’autoroute défiler, les voitures en sens inverse, presque arrêtées par les bouchons. Tu entends les bruits produits par la console de ta sœur et ceux produits par ton frère qui, lui aussi, veut jouer.

Un voyage comme les autres.

Tu es dans un grand magasin, la vendeuse te suit partout et te demande pour la troisième fois ta taille de vêtements, t’empêchant de réfléchir, de regarder vraiment, les néons t’aveuglent, une musique trop forte, désagréable, embrouille tes pensées, te provoquant une migraine qui te scie la tête. Tu n’as qu’une envie, qu’un seul besoin : sortir, et respirer un grand coup.

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Soja le ninja, seul dans la ville

Dans la cuisine, tu entends du bruit. Un rire, de plus en plus fort, de l’autre côté de la porte. Tu te demandes qui c’est. Tu as peur, mais es excitée de savoir qui c’est. Tu ouvres la porte et là, tu vois deux femmes de ménage qui lavent le meuble de l’entrée.

Tu es dans l’ascenseur qui monte au 23ème étage. Tu es contente de voir ton amie, même si c’est pour faire un exposé. Tu te demandes si elle est là, si elle va t’ouvrir la porte. En même temps que tu penses à tout ça , tu te regardes dans le miroir de l’ascenseur.

Tu es dans la voiture. La fenêtre ouverte, le vent te souffle dans tes cheveux. Une moto s’arrête à côté de ta portière. Cette personne enlève son casque pour te dire bonjour car tu la connais.

Tu es chez le coiffeur de l’amie de ta mère. Cette coiffeuse garde un enfant ; il te montre son doudou. Il paraît usé, mouillé. Les yeux de cette peluche te fixent à tel point que ça te touche au fond du cœur, cela te rappelle une centaine de souvenirs d’enfance.

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Sasou le sourd, seul dans la ville

Tu fais caca aux toilettes.

Tu achètes une brosse à dents à carrefour.

Tu écoutes de la musique, tu danses et tu te reposes pendant quelques minutes.

Tu écris à ton petit copain, il répond, et tu es contente.

Tu rentres dans un taxi et tu t’endors, car l’odeur qui t’as frappée est meilleure que celle de dehors.

Tu es dans un jardin pendant la nuit, tu es allongée pour regarder le beau ciel bleu.

Je rentre dans une chambre et je vois deux personnes couchées.

Tu es assise seule sur ton balcon, et commence à fumer.

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Sami la truite, seul dans la ville

Tu es face à un tigre en liberté. Tu fais semblant de regarder tes chaussures pour ne pas dévisager son regard.

Tu as la main dans la gueule d’un crocodile et tu attends désespérément que ton père prenne une photo.

Tu es dans ton salon le soir, tu regardes derrière la fenêtre et tu mets vite la moustiquaire avant qu’ils rentrent.

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Saleté de rat, seul dans la ville

Tu es dans la voiture sur une autoroute de Bangkok, tu regardes à travers la fenêtre, tu vois des millions de bâtiments en ruine, habités, les balcons recouverts de lingeries.

Tu es en classe, en cours de français, tu restes immobile sur une chaise, tu écoutes tes camarades parler, chuchoter, rigoler, tu penses, et repenses, tu penses ce que tu penses, puis tu repenses à ce que tu pensais avant.

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Pépé le neurone, seul dans la ville

Tu marches sur un trottoir.

Tu attends des amis.

Tu transpires tellement que tu sens la chaleur de la ville. Des foules de gens passent et reviennent. La vie est longue. Chaque fois que tu regardes l’heure, tu penses au rendez-vous. Tu jettes des coups d’œil par-là, par-ci.

Tu penses à ce que tu aurais fait si elle était déjà là. Tu cours aux toilettes, tu attends que les personnes qui sont dans les toilettes sortent. L’odeur te donne envie de vomir. La nuit tombe, les gens rentrent chez eux, tu attends la personne. Elle ne vient pas, tu ne l’aimes plus.

Tu es dans un marché. Tu achètes des frites froides.

Tu ne les as même pas mangées que tu les jettes déjà.

La chaleur te fait transpirer.

Les marchands ambulants te font mal aux oreilles.

Les enfants des mendiants jouent à la console.

Le sol dégueulassé par les poubelles des marchands.

Tu t’arrêtes et tu manges à 5 marchands différents.

Tu marches dans les toilettes publiques.

Tu attends que quelqu’un sorte des toilettes.

Cette odeur qui tue le nez.

L’odeur du pipi et le caca te donne envie de vomir.

Le sol mouillé te fait glisser et te salis de taches noires.

Tu regardes par dessus les toilettes pour voir s’il y a vraiment quelqu’un.

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